🐾 Le Nid en Deux Branches

 🐾 Le Nid en Deux Branches




Chapitre 1 — Le grand chêne au milieu du jardin

Le matin s’étirait doucement sur le village, comme une couverture de lumière qui se déplie. Les oiseaux lançaient leurs trilles dans l’air frais, et la rosée scintillait sur les brins d’herbe. Dans le jardin de Nougat, un grand chêne se dressait, solide et majestueux. Ses branches s’étendaient comme des bras protecteurs, et son tronc semblait porter la mémoire de tous les jours passés.

Nougat, le chat roux aux yeux dorés, adorait grimper jusqu’à ses hauteurs. Ses griffes s’accrochaient à l’écorce rugueuse, et il se hissait avec agilité, son pelage flamboyant se mêlant aux rayons du soleil. Là-haut, il se sentait roi du monde. Il voyait les toits rouges des maisons, les jardins fleuris, les enfants qui couraient déjà vers l’école avec leurs cartables trop lourds. Le vent lui apportait des odeurs de pain chaud, de café fumant, et parfois même le parfum des lilas qui bordaient les haies.

Opaline, la chatte crème aux yeux bleus, le rejoignait souvent. Plus prudente, elle montait lentement, testant chaque appui avant de se lancer. Ses pattes fines s’accrochaient avec délicatesse, et ses yeux bleus brillaient d’une lueur confiante. Elle savait que Nougat ne la laisserait jamais tomber. Ensemble, ils formaient un duo inséparable, comme deux étoiles qui brillent côte à côte dans le ciel nocturne.

Regarde, Opaline, dit Nougat en pointant du museau les maisons alignées. Chaque maison est comme un nid. Et dans chaque nid, il y a des familles qui s’aiment.Oui, répondit Opaline doucement, ses yeux se posant sur une maison voisine où une maman embrassait son enfant avant de l’accompagner à l’école. Mais parfois, les nids changent…

Nougat fronça ses moustaches. Pour lui, le chêne était solide, ses branches unies. Comment un nid pouvait-il se séparer ? Il ne comprenait pas encore ce que voulait dire son amie.

Ce matin-là, pourtant, quelque chose flottait dans l’air. Une tension invisible, comme un nuage qui s’accroche au ciel sans pluie. Les parents de Nougat parlaient à voix basse dans la maison. Les mots se perdaient, mais les intonations étaient lourdes, comme des pierres qu’on dépose dans un sac déjà trop rempli.

Nougat descendit de l’arbre, ses pattes légères touchant l’herbe encore humide. Opaline le suivit, ses yeux reflétant une inquiétude qu’elle ne disait pas. Ensemble, ils s’approchèrent de la fenêtre entrouverte. À l’intérieur, les voix des parents de Nougat s’élevaient :

Nous ne pouvons plus vivre sous le même toit…Il faudra expliquer à Nougat…

Le petit chat roux sentit son cœur battre plus vite. Les mots résonnaient comme des coups de tonnerre. Ne plus vivre ensemble ? Mais comment ? Les parents étaient comme les deux branches du grand chêne. Ils soutenaient le nid. Si l’une des branches s’éloignait, que deviendrait le nid ?

Il recula, les oreilles basses, le souffle court. Le jardin lui parut soudain immense et vide. Même le chant des oiseaux semblait s’être arrêté. Les fleurs perdaient leur éclat, et le ciel, pourtant clair, lui paraissait lourd.

Opaline posa sa patte sur son épaule. — Tu sais, parfois, les branches s’écartent. Mais cela ne veut pas dire que le nid disparaît. Il peut se reconstruire, autrement.

Nougat baissa les yeux. Il n’était pas sûr de comprendre. Mais il savait une chose : son monde venait de changer. Et il allait devoir apprendre à vivre dans un nid en deux branches.

Ce soir-là, il retourna seul au sommet du chêne. Le vent faisait danser les feuilles, et le ciel s’emplissait de couleurs orangées. Nougat regarda longtemps les maisons, les familles qui s’activaient, les lumières qui s’allumaient une à une. Il se demanda si, dans chacune de ces maisons, les nids restaient toujours les mêmes. Ou si, parfois, les branches se séparaient, comme les voix qu’il avait entendues derrière la fenêtre.

Il ferma les yeux, et une larme silencieuse glissa sur sa joue de chaton. Le grand chêne, pourtant, restait solide. Peut-être qu’il lui apprendrait à tenir debout, même quand les branches s’écartent.

Chapitre 2 — L’annonce

Le soir était tombé sur le village, enveloppant les maisons d’une douce lumière orangée. Dans le jardin, les fleurs se refermaient lentement, et le grand chêne se découpait en ombre chinoise contre le ciel. Nougat, le chat roux aux yeux dorés, avait passé la journée à guetter les voix de ses parents. Il avait senti que quelque chose se préparait, comme une tempête silencieuse.

Quand la cloche de l’église sonna, ses parents l’appelèrent doucement. Leur ton n’était pas celui des jours ordinaires. Il y avait dans leurs voix une gravité qui fit frissonner Nougat. Il entra dans la maison, suivi de près par Opaline, qui ne voulait pas le laisser seul.

La pièce était calme, trop calme. Sur la table, deux tasses de thé refroidissaient. Les parents de Nougat s’assirent face à lui. Leurs yeux semblaient chercher les bons mots, mais leurs mains se serraient nerveusement.

Nougat, dit sa maman, la voix tremblante, il faut que nous te parlions. Le petit chat sentit ses oreilles se dresser. Il s’assit, la queue enroulée autour de ses pattes, comme pour se protéger. — Tu sais que nous t’aimons très fort, ajouta son papa. Mais parfois, les grandes personnes ne s’entendent plus comme avant. Et alors… elles doivent vivre séparément.

Nougat cligna des yeux. Les mots lui semblaient lourds, incompréhensibles. Séparément ? Il regarda tour à tour son papa et sa maman. Ils étaient là, devant lui, mais déjà il les voyait s’éloigner, comme deux silhouettes qui s’évanouissent dans le brouillard.

Cela veut dire… que vous ne serez plus ensemble ? demanda-t-il d’une voix minuscule. Sa maman hocha la tête, les yeux brillants de larmes. — Oui, mon trésor. Mais nous resterons toujours tes parents. Tu auras deux maisons, deux nids. Et dans chacun, tu seras aimé.

Nougat sentit son cœur se serrer. Deux maisons ? Deux nids ? Mais lui n’avait qu’un seul cœur. Comment pouvait-il le partager ? Il baissa la tête, ses moustaches tremblant.

Opaline, assise à ses côtés, posa doucement sa patte sur la sienne. Ses yeux bleus brillaient d’une tendresse rassurante. — Tu sais, Nougat, parfois les branches du grand chêne s’écartent. Mais chacune garde sa force. Et toi, tu pourras te reposer dans l’une comme dans l’autre.

Nougat leva les yeux vers elle. Il voulait croire ses paroles, mais une vague de tristesse l’envahissait. Il se souvenait des soirées où ses parents riaient ensemble, des repas partagés, des histoires racontées à deux voix. Tout cela allait-il disparaître ?

Son papa s’approcha et caressa doucement son dos. — Nous savons que c’est difficile à comprendre. Tu auras sûrement de la peine, et c’est normal. Mais nous serons toujours là pour toi. Tu pourras venir nous voir, parler, jouer. Rien ne changera dans l’amour que nous avons pour toi.

Nougat ferma les yeux. Une larme glissa sur sa joue. Il se blottit contre Opaline, cherchant dans sa chaleur un peu de réconfort. La maison lui semblait soudain trop grande, trop vide, comme si les murs avaient perdu leur voix.

La nuit s’installa. Dans sa chambre, Nougat s’allongea près de la fenêtre. Le grand chêne se dessinait dans l’obscurité, ses branches s’étendant comme des bras immenses. Il pensa à ce que sa maman avait dit : deux nids. Peut-être que le chêne pouvait en porter deux, l’un sur chaque branche. Mais alors, lui, où serait-il ? Sur l’une ? Sur l’autre ? Ou suspendu entre les deux, sans savoir où poser ses pattes ?

Opaline vint se coucher près de lui. Elle ronronna doucement, comme une berceuse. — Tu n’es pas seul, Nougat. Je serai là, toujours. Et ensemble, nous apprendrons à marcher sur les deux branches.

Nougat ferma les yeux, bercé par le ronronnement de son amie. Le sommeil l’emporta, mais dans ses rêves, il voyait le grand chêne se diviser lentement, ses branches s’écartant, chacune portant un nid. Et lui, petit chat roux, devait apprendre à voler d’une branche à l’autre, sans perdre son équilibre.

Chapitre 3 — La valise

Le lendemain matin, le soleil s’était levé comme d’habitude, mais pour Nougat, rien ne semblait pareil. Les rayons dorés qui traversaient la fenêtre n’avaient plus la même chaleur. Dans la maison, un silence étrange régnait, seulement brisé par le bruit des pas de sa maman qui allaient et venaient.

Nougat suivit du regard ses mouvements. Elle ouvrait les placards, sortait des vêtements, les pliait soigneusement, puis les déposait dans une grande valise bleue posée au milieu du salon. Chaque geste résonnait comme une séparation. Chaque pli semblait couper un fil invisible qui reliait les murs entre eux.

Le petit chat roux s’approcha, ses yeux dorés brillants d’inquiétude. — Maman… pourquoi tu mets tes affaires dans la valise ? Sa maman s’arrêta, posa une chemise sur le bord, et s’agenouilla pour être à sa hauteur. Ses yeux étaient doux, mais tristes. — Parce que je vais habiter dans une autre maison, mon trésor. Pas loin, mais différente. Tu viendras souvent, et tu auras deux endroits où te sentir chez toi.

Nougat sentit son cœur se serrer. Deux endroits ? Mais lui n’avait qu’un seul nid, celui où ses parents étaient ensemble. Il regarda la valise, comme si elle avalait des morceaux de sa vie.

Opaline, qui observait depuis le seuil, s’approcha et frotta sa joue contre celle de Nougat. — Tu vois, Nougat, parfois les oiseaux construisent deux nids. L’un sur une branche, l’autre sur une autre. Et ils volent de l’un à l’autre. Ce n’est pas facile, mais cela peut aussi être une aventure.

Nougat secoua la tête. Pour lui, ce n’était pas une aventure, c’était une perte. Il se souvenait des soirées où ses parents riaient ensemble, des repas partagés, des histoires racontées à deux voix. Tout cela allait-il disparaître dans la valise ?

Son papa entra dans la pièce. Il posa une main sur l’épaule de Nougat. — Tu sais, mon grand, ta maman et moi avons pris cette décision parce que nous ne nous entendons plus comme avant. Mais cela ne change rien à l’amour que nous avons pour toi. Tu resteras au centre de nos vies.

Nougat leva les yeux vers lui. — Mais… si vous ne vivez plus ensemble, est-ce que vous allez m’oublier ? Son papa serra doucement sa patte. — Jamais. Tu es notre lumière. Tu auras deux maisons, deux chambres, deux endroits où tu seras attendu. Et dans chacun, tu seras aimé.

Le petit chat resta silencieux. Les mots étaient beaux, mais son cœur ne les croyait pas encore. Il regarda la valise, qui se remplissait peu à peu. Chaque objet emporté semblait emporter un souvenir.

Quand la valise fut fermée, sa maman la fit rouler doucement vers la porte. Le bruit des roulettes sur le sol résonna comme un adieu. Nougat sentit ses yeux se remplir de larmes. Il courut vers le grand chêne, son refuge. Là-haut, il se blottit contre une branche, cherchant la force dans l’écorce rugueuse.

Opaline le rejoignit. Elle grimpa lentement, puis s’assit à côté de lui. Le vent faisait danser les feuilles, comme pour leur murmurer que la vie continuait. — Nougat, dit-elle doucement, je sais que c’est difficile. Mais tu verras, tu pourras aimer deux maisons. Et peut-être que tu découvriras des choses nouvelles dans chacune.

Nougat resta silencieux. Il regardait le ciel, où les nuages s’étiraient comme des voiles. Dans son cœur, une tempête grondait. Mais au fond de lui, une petite voix murmurait que peut-être, un jour, il apprendrait à voler d’une branche à l’autre, sans tomber.

Ce soir-là, quand les étoiles apparurent, Nougat s’endormit contre Opaline. Dans ses rêves, il voyait deux nids suspendus au grand chêne. L’un brillait d’une lumière douce, l’autre d’une chaleur nouvelle. Et lui, petit chat roux, devait apprendre à passer de l’un à l’autre, en gardant son cœur entier.

Chapitre 4 — La première nuit dans l’autre maison

Le ciel s’assombrissait doucement, et les étoiles commençaient à s’allumer une à une, comme des veilleuses suspendues dans l’immensité. Nougat marchait à petits pas derrière sa maman, la valise bleue roulait devant eux, et chaque bruit de roulette sur les pavés lui donnait l’impression qu’on traînait un morceau de son cœur.

Ils arrivèrent devant une maison qu’il ne connaissait pas. Elle était plus petite que celle où il avait grandi, avec des volets verts et un jardin minuscule. Nougat leva les yeux vers la façade, hésitant. C’est donc ici que je vais dormir ce soir ? pensa-t-il.

Sa maman lui sourit doucement. — Entre, mon trésor. Tu verras, c’est un nouveau nid. Il n’est pas comme l’autre, mais il sera rempli de chaleur.

Nougat franchit le seuil. L’odeur était différente : pas celle du bois familier, ni celle des fleurs du grand jardin. Ici, ça sentait la peinture fraîche et le linge propre. Les murs semblaient attendre qu’on leur raconte des histoires.

Dans une petite chambre, sa maman avait préparé un lit pour lui. Une couverture douce, un coussin moelleux, et même une petite lampe en forme d’étoile. Nougat s’approcha, caressa du museau la couverture. Elle était belle, mais étrangère.

Tu vois, dit sa maman, cette chambre est à toi. Tu pourras y mettre tes jouets, tes livres, tes trésors. Elle sera ton refuge.

Nougat hocha la tête, mais son cœur restait lourd. Il pensa à son papa, resté dans l’autre maison. Est-ce qu’il pense à moi, là-bas ? Est-ce qu’il regarde ma chambre vide ?

Opaline, qui avait suivi Nougat jusque-là, grimpa sur le lit et s’installa près de lui. Ses yeux bleus brillaient dans la lumière de la lampe. — Nougat, parfois, quand on dort dans un nouvel endroit, on a peur. Mais tu sais, les étoiles sont les mêmes partout. Elles brillent au-dessus de toutes les maisons. Elles relient les nids entre eux.

Nougat leva les yeux vers la fenêtre. Le ciel était parsemé d’étoiles, exactement comme chez lui. Une petite chaleur envahit son cœur. Peut-être qu’il pouvait se sentir relié à son papa par ce ciel partagé.

La nuit tomba complètement. Sa maman vint l’embrasser, lui caressa doucement la tête. — Bonne nuit, mon trésor. Demain, tu verras, nous inventerons de nouvelles habitudes ici.

Nougat s’allongea, mais le sommeil tarda. Les bruits de la maison lui semblaient étranges : le craquement du parquet, le souffle du vent contre les volets. Il se sentait perdu. Alors il se blottit contre Opaline, qui ronronna doucement.

Ferme les yeux, murmura-t-elle. Imagine que tu es sur le grand chêne. Ses branches t’entourent, solides. Et même si elles s’écartent, elles te portent toujours.

Nougat inspira profondément. Dans son esprit, il revit le grand chêne, ses branches immenses, ses feuilles qui bruissaient comme une chanson. Peu à peu, ses paupières se fermèrent.

Dans ses rêves, il se voyait passer d’une branche à l’autre, avec Opaline à ses côtés. Et même si le chemin était nouveau, il sentait que ses pattes pouvaient apprendre à marcher dessus.


Chapitre 5 — Deux maisons, deux rythmes

Les jours passèrent, et Nougat découvrit peu à peu ce que signifiait vivre entre deux maisons. Le matin, il se réveillait parfois chez son papa, dans la chambre qu’il connaissait depuis toujours, avec ses jouets alignés sur l’étagère et l’odeur du café qui flottait dans la cuisine. D’autres fois, il ouvrait les yeux dans la nouvelle maison de sa maman, où les murs semblaient encore apprendre son nom, et où chaque objet avait une place différente.

Au début, Nougat se sentait perdu. Il avait l’impression que son cœur devait se couper en deux, comme une feuille déchirée. Quand il était chez son papa, il pensait à sa maman. Quand il était chez sa maman, il pensait à son papa. Et il se demandait sans cesse : où est mon vrai nid ?

Un matin, chez son papa, il s’assit devant son bol de lait. — Papa… est-ce que je dois choisir une maison ? demanda-t-il, les yeux baissés. Son papa posa la main sur sa tête. — Non, mon grand. Tu n’as rien à choisir. Tu as deux maisons, et chacune est la tienne. Tu peux aimer les deux, sans partager ton cœur. Ton cœur est assez grand pour ça.

Nougat resta silencieux. Il voulait croire ces mots, mais il avait peur que son cœur se fatigue à force de courir d’une maison à l’autre.

Le soir, chez sa maman, il trouva une surprise : elle avait accroché au mur un dessin qu’il avait fait, représentant le grand chêne. — Tu vois, dit-elle en souriant, j’ai mis ton arbre ici. Comme ça, tu l’auras toujours avec toi, même quand tu n’es pas dans le jardin. Nougat s’approcha, caressa le papier du bout de sa patte. Le dessin était un peu tremblant, mais il représentait bien le chêne, avec ses deux grandes branches. Il sentit une chaleur douce envahir son cœur.

Opaline, qui l’accompagnait partout, observa attentivement. — Tu sais, Nougat, peut-être que ton nid n’est pas seulement une maison. Peut-être que ton nid, c’est toi, avec ceux qui t’aiment. Et tu peux l’emporter partout.

Nougat leva les yeux vers elle. Ses mots résonnaient comme une vérité qu’il n’avait pas encore comprise. Peut-être que son nid n’était pas un lieu, mais un lien.

Les jours suivants, il commença à remarquer les différences. Chez son papa, les repas étaient plus bruyants, avec des histoires racontées à table et des rires qui éclataient fort. Chez sa maman, les soirées étaient plus calmes, avec des chansons douces et des câlins prolongés. Au début, ces différences l’inquiétaient. Mais peu à peu, il découvrit qu’elles pouvaient aussi être des trésors.

Un soir, alors qu’il s’endormait chez sa maman, il murmura à Opaline : — Tu crois que je peux aimer deux rythmes différents ? Opaline ronronna doucement. — Bien sûr. Regarde le grand chêne : ses branches ne sont pas identiques. L’une est plus haute, l’autre plus basse. Mais ensemble, elles font l’arbre. Et toi, tu es l’oiseau qui peut voler de l’une à l’autre.

Nougat ferma les yeux. Dans son rêve, il se voyait passer d’une branche à l’autre, avec une aisance nouvelle. Il découvrait que son cœur n’avait pas besoin de se couper en deux : il pouvait s’élargir, comme le ciel qui embrasse toutes les étoiles.

Et ce soir-là, pour la première fois, il sentit que peut-être, deux maisons pouvaient devenir deux trésors. Deux rythmes, deux façons de l’aimer. Deux branches, mais un seul arbre.


Chapitre 6 — Les week-ends partagés

Le temps s’écoulait, et Nougat commençait à s’habituer à ce nouveau rythme. Pourtant, chaque fin de semaine apportait son lot de questions et de petits tourments. Le vendredi soir, il savait qu’il devait préparer son sac : quelques jouets, son livre préféré, et la peluche qu’il ne quittait jamais.

Chez son papa, les week-ends étaient remplis d’aventures. Ils partaient souvent se promener dans les champs, ramasser des pommes de pin ou courir après les papillons. Le rire de son papa résonnait fort, comme une cloche joyeuse. Nougat adorait ces moments, mais au fond de lui, une petite voix murmurait : Et maman, que fait-elle sans moi ?

Un samedi matin, alors qu’il jouait avec Opaline dans le jardin de son papa, Nougat s’arrêta brusquement. — Opaline… tu crois que maman est triste quand je ne suis pas là ? La chatte crème le regarda avec douceur. — Elle est sûrement un peu triste, oui. Mais elle est aussi heureuse de savoir que tu passes de bons moments avec ton papa. Les parents portent leurs enfants dans leur cœur, même quand ils ne sont pas à côté.

Nougat baissa les yeux. Il voulait croire ces mots, mais son cœur se sentait toujours partagé.

Le dimanche soir, quand il retournait chez sa maman, il retrouvait une atmosphère différente. Plus calme, plus douce. Sa maman préparait des crêpes, chantait en rangeant la cuisine, et lui racontait des histoires avant de dormir. Nougat aimait cette tendresse, mais il pensait alors à son papa, seul dans l’autre maison.

Un soir, il éclata en sanglots dans les bras de sa maman. — Je ne sais pas où je dois être… Quand je suis avec toi, je pense à papa. Quand je suis avec papa, je pense à toi. Mon cœur est fatigué. Sa maman le serra contre elle, ses yeux brillants de larmes. — Mon trésor, ton cœur n’a pas besoin de choisir. Il peut aimer deux personnes, deux maisons, deux rythmes. C’est un cœur immense, plus grand que tu ne l’imagines.

Opaline, assise près du lit, ronronna doucement. — Tu es comme un oiseau, Nougat. Le vendredi, tu voles vers une branche. Le dimanche, tu reviens vers l’autre. Et chaque fois, tu es attendu, aimé, accueilli.

Nougat ferma les yeux. Dans son rêve, il se voyait voler d’une branche à l’autre, porté par le vent. Et il découvrait que ses ailes étaient assez fortes pour parcourir ce chemin, encore et encore.

Ce week-end-là, pour la première fois, il comprit que son cœur n’était pas déchiré. Il était simplement en train de grandir, pour embrasser deux nids à la fois.


Chapitre 7 — Les anniversaires partagés

Le mois de mai arriva, avec ses fleurs éclatantes et ses journées plus longues. Pour Nougat, ce mois avait toujours été spécial : c’était celui de son anniversaire. Mais cette année, tout était différent. Son cœur battait d’une inquiétude nouvelle. Comment fêter mon anniversaire si mes parents ne sont plus ensemble ?

La veille, chez son papa, Nougat posa timidement la question. — Papa… est-ce que maman viendra demain ? Son papa baissa les yeux, puis répondit doucement : — Non, mon grand. Nous avons décidé de faire deux fêtes. Une chez moi, une chez ta maman. Comme ça, tu auras deux journées de joie, deux gâteaux, deux moments à toi.

Nougat resta silencieux. Deux fêtes… mais lui n’avait qu’un seul anniversaire. Il avait peur que son cœur se déchire en deux, comme une bougie qu’on coupe en deux flammes.

Le lendemain, son papa avait préparé une grande table dans le jardin. Il y avait des ballons colorés, des assiettes pleines de friandises, et un gâteau au chocolat avec des bougies dorées. Les amis de Nougat étaient là, riant et courant partout. Nougat souriait, mais au fond de lui, une petite ombre restait. Maman n’est pas là.

Opaline, perchée sur une chaise, le regardait attentivement. — Tu sais, Nougat, parfois les anniversaires sont comme les étoiles. Elles brillent dans plusieurs endroits à la fois. Et toi, tu peux souffler tes bougies deux fois, faire deux vœux.

Nougat hocha la tête, mais son cœur restait lourd. Quand il souffla ses bougies, il pensa à sa maman, espérant qu’elle aussi pensait à lui.

Le lendemain, chez sa maman, une autre fête l’attendait. Cette fois, le gâteau était à la fraise, décoré de petites étoiles en sucre. Sa maman avait accroché des guirlandes dans le salon, et elle avait préparé une chanson spéciale pour lui. Nougat sourit, ses yeux brillants. Mais une autre ombre l’envahit : Papa n’est pas là.

Le soir, alors qu’il s’allongeait dans son lit, il éclata en sanglots. — Opaline… pourquoi je ne peux pas avoir mes parents ensemble, juste pour mon anniversaire ? La chatte crème s’approcha, ses yeux bleus emplis de tendresse. — Parce que parfois, les branches du grand chêne s’écartent trop pour se rejoindre. Mais cela ne veut pas dire qu’elles ne portent pas la même lumière. Tu as soufflé deux fois tes bougies, et chacun de tes parents a mis un vœu dans ton cœur.

Nougat ferma les yeux. Dans son rêve, il voyait deux gâteaux posés sur deux branches différentes du grand chêne. Il soufflait ses bougies sur l’un, puis sur l’autre. Et les flammes s’élevaient ensemble vers le ciel, se rejoignant dans une seule lumière.

Ce soir-là, il comprit que son anniversaire n’était pas divisé. Il était simplement multiplié. Deux fêtes, deux gâteaux, deux vœux… mais un seul cœur, aimé de deux côtés.


Chapitre 8 — Les vacances partagées

L’été arriva, avec ses journées longues et chaudes, et ses odeurs de fleurs qui emplissaient les jardins. Pour Nougat, c’était une saison qu’il avait toujours aimée : les vacances signifiaient liberté, jeux, découvertes. Mais cette année, elles apportaient aussi une nouvelle inquiétude. Comment vivre les vacances quand ses parents ne sont plus ensemble ?

Un matin, son papa lui annonça : — Nougat, cet été, nous irons à la mer. Tu verras, il y aura des coquillages, des vagues, et du sable chaud sous tes pattes. Les yeux de Nougat brillèrent. Il avait toujours rêvé de voir la mer. Mais une ombre traversa son cœur. Et maman ? pensa-t-il aussitôt.

Quelques jours plus tard, sa maman lui dit à son tour : — Et toi, mon trésor, tu viendras avec moi à la montagne. Nous marcherons dans les sentiers, nous écouterons les ruisseaux chanter, et nous dormirons sous les étoiles. Nougat resta silencieux. Deux promesses, deux aventures. Mais comment pouvait-il se réjouir pleinement si chacune se faisait sans l’autre parent ?

Opaline, qui l’accompagnait partout, le regarda avec tendresse. — Tu sais, Nougat, les vacances sont comme les saisons. L’été peut être chaud au bord de la mer, ou frais dans les montagnes. Mais chaque saison a sa beauté. Tu peux aimer les deux, sans avoir à choisir.

Le jour du départ avec son papa, Nougat découvrit la mer. Le bruit des vagues l’impressionna, mais il finit par courir sur le sable, ses pattes laissant des traces légères. Il ramassa des coquillages, construisit des châteaux de sable, et ria aux éclats quand les vagues venaient lécher ses pattes. Son papa riait avec lui, et le soleil semblait sourire.

Mais le soir, en regardant l’horizon, Nougat pensa à sa maman. Est-ce qu’elle regarde aussi le ciel, là-bas, dans la montagne ?

Quelques semaines plus tard, il partit avec sa maman. Les sentiers s’étendaient devant eux, bordés de fleurs sauvages. Les ruisseaux chantaient, et les étoiles brillaient plus fort que jamais dans le ciel nocturne. Sa maman lui montra comment écouter le silence de la montagne, comment sentir la fraîcheur de l’air. Nougat se blottit contre elle, émerveillé.

Mais là encore, une pensée le traversa. Papa n’est pas là pour voir ça.

Un soir, assis près d’un feu de camp, Nougat confia son trouble à Opaline. — Je ne sais pas comment faire. Quand je suis à la mer, je pense à la montagne. Quand je suis à la montagne, je pense à la mer. Mon cœur est toujours partagé. Opaline ronronna doucement. — Ton cœur n’est pas partagé, Nougat. Il est élargi. Tu as la chance de découvrir deux mondes, deux paysages, deux façons d’être heureux. Et chaque souvenir que tu crées, tu le gardes en toi, comme une étoile dans ton ciel intérieur.

Nougat leva les yeux vers le ciel. Les étoiles scintillaient, reliées entre elles par des fils invisibles. Il comprit alors que ses souvenirs pouvaient se relier, comme les constellations. La mer et la montagne, son papa et sa maman, deux branches différentes… mais un seul ciel pour les unir.Ce soir-là, il s’endormit avec un sourire. Ses vacances n’étaient pas divisées. Elles étaient multipliées, comme son cœur, capable d’aimer deux horizons à la fois.


Chapitre 9 — Les fêtes de famille

L’automne s’installait doucement, avec ses feuilles rousses qui tapissaient les chemins et son air frais qui piquait le museau. Pour Nougat, cette saison avait toujours été synonyme de grandes réunions de famille : les repas autour de la grande table, les rires qui résonnaient, les histoires racontées par les grands-parents. Mais cette année, tout semblait différent.

Un dimanche, son papa lui dit : — Nougat, ce week-end, nous irons chez papi et mamie. Toute la famille sera là. Les yeux de Nougat s’illuminèrent, mais une inquiétude le traversa aussitôt. Et maman ? pensa-t-il.

Quelques jours plus tard, sa maman lui annonça à son tour : — Et toi, mon trésor, tu viendras avec moi chez tes grands-parents maternels. Ils ont préparé un repas spécial pour toi. Nougat resta silencieux. Deux repas, deux familles, deux fêtes. Mais lui n’avait qu’un seul cœur, et il craignait qu’il se déchire en deux morceaux.

Le samedi, chez ses grands-parents paternels, la maison sentait la soupe chaude et le feu de cheminée. Les cousins couraient partout, les adultes riaient fort, et Nougat se sentait enveloppé par une chaleur familière. Son papa lui servit une part de tarte aux pommes, et tout le monde chanta une chanson joyeuse. Nougat souriait, mais au fond de lui, une petite ombre restait. Maman n’est pas là pour voir ça.

Le dimanche, chez ses grands-parents maternels, l’ambiance était différente. Plus douce, plus calme. Sa grand-mère lui raconta des histoires anciennes, son grand-père lui montra des photos d’autrefois. Sa maman lui fit goûter un gâteau au miel, et il se sentit aimé, choyé. Mais là encore, une pensée le traversa. Papa n’est pas là pour partager ce moment.

Le soir, de retour dans sa chambre, Nougat éclata en sanglots. — Opaline… pourquoi je ne peux pas avoir mes parents ensemble, juste pour les fêtes ? La chatte crème s’approcha, ses yeux bleus emplis de tendresse. — Parce que parfois, les branches du grand chêne s’écartent trop pour se rejoindre. Mais chacune porte ses propres feuilles, ses propres fruits. Tu peux aimer les deux fêtes, les deux familles, sans avoir à choisir.

Nougat leva les yeux vers la fenêtre. Les feuilles du chêne tombaient doucement, emportées par le vent. Il comprit alors que les saisons changeaient, mais que l’arbre restait debout. Ses racines étaient solides, et ses branches, même séparées, portaient la même sève.

Ce soir-là, dans ses rêves, Nougat se voyait courir d’une fête à l’autre, ses pattes légères comme des feuilles portées par le vent. Et il découvrait que son cœur n’était pas déchiré : il était simplement rempli de deux musiques différentes, qui s’accordaient pour former une seule chanson.



Chapitre 10 — Les dimanches de retour

Les dimanches étaient devenus pour Nougat des journées particulières. C’était le moment où il devait changer de maison, passer d’une branche à l’autre. Le matin, il se réveillait chez son papa, avec l’odeur du café et le bruit des journaux qu’on déplie. Le soir, il s’endormait chez sa maman, bercé par une chanson douce et la lumière tamisée de sa lampe en forme d’étoile.

Mais entre ces deux instants, il y avait toujours un moment difficile : celui du départ. Nougat préparait son petit sac, y glissait sa peluche préférée et quelques jouets. Chaque fois, il avait l’impression d’oublier quelque chose, comme si un morceau de lui restait derrière.

Un dimanche, alors qu’il fermait son sac, il demanda à son papa : — Papa… pourquoi je ne peux pas rester toujours ici ? Son papa s’agenouilla, le regard tendre. — Parce que ta maman a besoin de toi aussi. Et toi, tu as besoin d’elle. Tu es comme une étoile qui brille dans deux ciels. Tu n’as pas à choisir.

Nougat baissa les yeux. Il voulait croire ces mots, mais son cœur se serrait à chaque départ.

Quand il arrivait chez sa maman, elle l’accueillait avec un sourire et un câlin. — Tu es là, mon trésor. J’ai préparé ton plat préféré. Nougat se blottissait contre elle, mais une petite ombre restait. Papa est loin maintenant.

Opaline, qui l’accompagnait toujours, observa attentivement. — Tu sais, Nougat, les dimanches sont comme des ponts. Tu marches dessus pour passer d’une rive à l’autre. Et même si tu laisses une maison derrière toi, tu en retrouves une autre qui t’attend.

Le soir, allongé dans son lit, Nougat regarda par la fenêtre. Le grand chêne se découpait dans la nuit, ses branches s’étendant comme deux bras immenses. Il comprit alors que ses dimanches étaient comme les branches du chêne : un passage, un mouvement, une danse entre deux nids.

Dans ses rêves, il se voyait marcher sur une branche qui se prolongeait comme un pont. Au bout, une maison l’attendait, puis une autre. Et lui, petit chat roux, apprenait à marcher sans tomber, porté par l’amour qui l’attendait des deux côtés.

Ce soir-là, il sentit que les dimanches n’étaient pas seulement des séparations. Ils étaient aussi des retrouvailles. Deux maisons, deux bras, deux cœurs… et lui, au centre, aimé de part et d’autre.


Chapitre 11 — Les confidences sous le chêne

L’hiver approchait. Le vent soufflait plus fort dans les branches du grand chêne, et les feuilles déjà tombées formaient un tapis brun au pied du tronc. Nougat aimait venir s’y réfugier, surtout quand son cœur était trop lourd. Ce jour-là, il grimpa lentement, ses griffes s’accrochant à l’écorce froide, et s’installa sur sa branche préférée.

Opaline le rejoignit, ses yeux bleus brillant dans la lumière pâle du soir. Elle s’assit près de lui, silencieuse, attendant qu’il parle. Nougat regardait le ciel gris, ses moustaches frémissantes.

Opaline… je ne comprends toujours pas pourquoi mes parents ne peuvent pas rester ensemble. Je les aime tous les deux. Pourquoi l’amour ne suffit pas ? Sa voix tremblait, comme une feuille secouée par le vent.

Opaline posa doucement sa patte sur la sienne. — Parfois, Nougat, les grandes personnes s’aiment autrement. Leur amour change de forme. Mais cela ne veut pas dire qu’ils cessent de t’aimer. Leur amour pour toi reste entier, solide, comme les racines du chêne.

Nougat baissa les yeux. Il se souvenait des soirées passées tous ensemble, des rires partagés, des histoires racontées à deux voix. Ces souvenirs lui semblaient si proches, mais déjà si lointains. — Alors pourquoi moi, je dois vivre dans deux maisons ? Pourquoi je ne peux pas avoir un seul nid ?

Le vent fit bruisser les branches, comme si l’arbre lui-même voulait répondre. Opaline leva les yeux vers le chêne. — Regarde, Nougat. Ce chêne a deux grandes branches. Elles s’écartent, mais elles portent le même tronc. Toi, tu es comme l’oiseau qui vole de l’une à l’autre. Tu n’as pas perdu ton arbre. Tu as simplement deux appuis différents.

Nougat resta silencieux. Ses yeux dorés se remplirent de larmes. — Mais parfois, je me sens fatigué. Comme si je devais toujours courir entre eux. Comme si je n’étais jamais complètement chez moi.

Opaline se blottit contre lui, son pelage crème réchauffant son cœur. — Tu es chez toi partout où tu es aimé. Et tu es aimé dans les deux maisons. Tu portes ton nid en toi, Nougat. Il est fait de leurs câlins, de leurs mots doux, de leurs regards. Tu n’as pas besoin de choisir.

Le petit chat ferma les yeux. Le vent caressait son pelage, et le chêne semblait l’envelopper de sa force. Dans son esprit, il imagina ses parents comme deux branches solides, différentes mais reliées par le même tronc. Et lui, petit oiseau roux, pouvait voler de l’une à l’autre, porté par l’amour qui ne disparaissait pas.

Ce soir-là, il resta longtemps sur la branche, à écouter le souffle du vent. Il comprit que ses confidences au chêne étaient comme des graines semées dans son cœur. Elles grandiraient, lentement, pour lui donner la force d’accepter ce nouveau chemin.

Quand il redescendit, Opaline trottinait à ses côtés. Ensemble, ils traversèrent le jardin. Nougat se sentait encore triste, mais un peu plus léger. Comme si le chêne lui avait murmuré que, même séparées, les branches pouvaient porter le même ciel.


Chapitre 12 — Le nid en deux branches

Le printemps revint, apportant avec lui des bourgeons nouveaux et des chants d’oiseaux. Le grand chêne du jardin se couvrit de feuilles fraîches, et ses deux branches principales semblaient s’étirer vers le ciel, chacune dans une direction différente, mais reliées par le même tronc solide.

Nougat s’assit au pied de l’arbre, son pelage roux illuminé par le soleil. Il repensa à tout ce qu’il avait traversé : les valises, les dimanches de départ, les anniversaires partagés, les vacances multipliées. Son cœur avait souvent été lourd, mais il avait aussi grandi.

Opaline vint le rejoindre, ses yeux bleus reflétant la lumière du jour. Elle s’installa près de lui, silencieuse, comme une présence rassurante. — Tu sais, Nougat, dit-elle doucement, tu as appris à vivre dans un nid en deux branches. Ce n’est pas facile, mais tu as découvert que ton cœur est assez grand pour aimer deux maisons, deux rythmes, deux horizons.

Nougat leva les yeux vers le chêne. Les deux branches s’écartaient, mais elles portaient la même sève. Il comprit alors que ses parents, même séparés, restaient reliés par quelque chose de plus fort que leurs différences : l’amour qu’ils avaient pour lui.

Ce soir-là, ses parents vinrent tous les deux le voir. Ils s’assirent de part et d’autre de lui, chacun posant une main sur son dos. Nougat sentit leur chaleur, leur tendresse. — Nous ne vivons plus ensemble, dit son papa, mais nous serons toujours là pour toi.Toujours, ajouta sa maman, les yeux brillants.

Nougat ferma les yeux. Il n’avait plus besoin de choisir. Il n’avait plus peur de perdre. Il savait désormais que son nid n’était pas un lieu, mais un lien. Un lien qui vivait dans son cœur, porté par deux branches, mais enraciné dans le même amour.

Opaline ronronna doucement. Le vent fit bruisser les feuilles du chêne, comme une chanson apaisante. Nougat se blottit contre ses parents, et pour la première fois depuis longtemps, il se sentit pleinement en paix.

Dans ses rêves, il vit le grand chêne s’épanouir, ses deux branches portant chacune un nid lumineux. Et lui, petit chat roux, sautait de l’un à l’autre avec aisance, sachant qu’il était attendu, aimé, accueilli partout.

Le nid en deux branches n’était pas une perte. C’était une nouvelle forme de vie, une nouvelle façon d’aimer. Et Nougat, avec Opaline à ses côtés, avait appris à y grandir, le cœur ouvert et solide comme l’arbre qui veillait sur lui.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Une question, une remarque ou une expérience à partager ? N’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous — je lis chacun d’eux avec attention et j’adore échanger avec vous !

le blog qui soigne par le rire ( et parfois à la tarte à la rhubarbe )

✨ Le Miroir des Étoiles

  ✨ Le Miroir des Étoiles Un conte lumineux pour apprivoiser la peur des examens médicaux Il existe des histoires qui ne se contentent pas d...